Comme c'est, j'imagine, le cas pour beaucoup de gens, il suffit parfois de la simple présence d'un(e) interprète au générique d'une œuvre pour que celle-ci éveille mon intérêt.
Je n'ai pas eut le loisir d'apprécier son jeu dans la série anglaise Home and Away, et ses prestations dans Dark City et L'anglais étaient trop brèves pour qu'elle me tape dans l’œil à l'époque. Mais si son rôle dans l'adaptation quelconque de la BD de Steve Niles et Ben Templesmith 30 jours de nuit avait déjà vaguement éveillé mon attention, c'est manifestement grâce à la série En Analyse que je suis devenu fan de Melissa George. Face à Gabriel Byrne, elle dévoilait l'étendue d'un talent rare, surtout quand on sait à quel point il est difficile de tenir en haleine le spectateur avec seulement deux acteurs face à face dans une pièce (c'est ce qui fait que j'apprécie également Mia Wasikowska plus que de raison).
Et donc Melissa George. En fouillant un peu sa filmo, je suis tombé sur Triangle, un "pseudo" film d'horreur se passant sur un bateau. "Melissa + film fantastique", il n'en fallait pas plus pour que je garde la chose de côté en attendant le temps de la regarder. Je n'avais rien lu d'autre sur le film, ni son sujet, ni critiques, je n'avais pas même vérifié le nom du réalisateur (Christopher Smith, dont j'avais apprécié les précédents Creep et Severance). Bref, c'est avec l'esprit ouvert et ignorant que je me suis lancé dans la vision de ce qui est désormais pour moi un incontournable appartenant à mon genre préféré : le film "Silenthillesque".
Silenthillesque, du nom du célèbre jeu de Konami Silent Hill, inspiré tant des grands écrivains de la littérature horrifique (Stephen King, Richard Matheson, Ray Bradbury, Dean Koontz, etc..) que des grands films de flippe à réalité alternative (L'échelle de Jacob, David Lynch...). Particulièrement prolifique ces dernières années (et également désigné par certain comme celui des "films purgatoires"), ce sous-genre horrifique a accouché de magnifiques perles cinématographiques. Nous citerons par exemple Le Locataire de Polanski (un des films fondateurs du genre avec le Carnival Of Souls de Herk Harvey en 1962), Lost Highway (et ses suites thématiques Mulholland Drive et Inland Empire), The Dark, Session 9, Norway of Life, Abandonnée, The Others, The Jacket, Frozen Days, Le Machiniste, Insomnies, Inside Job, j'en passe et surement des meilleurs (me risquerais-je à citer l'adaptation de Christophe Gans ?). Des films sur lesquels je reviendrais sûrement dans ces colonnes à un moment ou à un autre. A noter que cette appellation "Silenthillesque" est évidemment toute personnelle puisque ce qui m'a marqué dans l’œuvre des gars de Konami, c'est cette vision alternative d'une réalité fricotant avec l'au-delà, bien plus que la présence de monstres sanguinolents qu'on ne retrouvera d'ailleurs pas dans la majorité de ces films. Brefle.
Triangle, c'est l'histoire de Jess (Melissa, donc), une mère célibataire qui, pour souffler un peu, laisse son gamin un peu lent dans une école spécialisée le week-end afin de participer avec quelques amis à une brève sortie en bateau (nommé Triangle). Film de genre oblige, tout part très vite en sucette : Le yacht traverse une tempête aussi brève qu'intense avant que l'équipage n'arrive à trouver refuge sur un énorme bateau de croisière, mystérieusement vide. Et quand Melissa, déboussolée, lance "Attendez, je suis déjà venue, ces couloirs me disent quelque chose", il n'y a plus de doute à avoir sur la marchandise.
Pourtant, Christopher Smith arrive très vite à surprendre en ne s'endormant pas sur l'application gentille et balisée du concept.
[Attention, le paragraphe suivant comprend de légers spoilers. Merci de surligner le texte pour le lire] Car ce qui semblait au départ être une banale histoire de réalité alternative, avec ses morts en pagaille et ses faux mystères de whodunit lorgne plutôt du côté de la boucle temporelle. Le film joue alors sur la surprise puisque loin de simplement reproduire les évènements selon un schéma encore une fois balisé, Jess tente de s'en sortir, quitte à aller à l'encontre des évènements en considérant progressivement quiconque comme l'ennemi à abattre sans se soucier d'éventuels paradoxes. Et le génie de Triangle, bien plus ludique qu'horrifique et dont le script a été poussé dans ses moindres détails, est de ne pas tout révéler, de ne pas tout expliquer au gros stabilo, mais de laisser quelques zones d'ombres. Certaines temporaires (on a l'impression lors de la première demi-heure d'avoir raté une scène avant de comprendre le comment du pourquoi), d'autres esquissées (la véritable fin ne se situe pas à la fin du film mais quelque part en son sein, en arrière plan).
Servi par une photo plaisante, une réalisation diablement efficace, parsemé de trouvailles visuelles indéniables (que se passe-t-il quand les évènements ont lieu en boucle et que leurs conséquences ne sont pas effacées ?) et couronné par un final parfaitement maitrisé, Triangle se révèle être une excellente surprise, encore une fois de celles que les distributeurs français boudent sans que l'on sache vraiment pourquoi. A ce titre, et bien que les Dvd et Blu-ray soient déjà disponibles outre-Manche pour une somme modique, le film n'a pas encore de date française (Allociné propose même de le télécharger gratuitement, en fait un lien vers les 7 premières minutes du film asiatique éponyme réalisé par Johnnie To, Tsui Hark et Ringo Lam). Vous savez ce qu'il vous reste à faire pour découvrir ce joli triturage de méninges terriblement efficace. J'en attend d'autant plus le futur et déjà salué Black Death du réal, une histoire médiévale une nouvelle fois forcément teintée de fantastique (nécromanciens et compagnie).
Au passage, je vous déconseille fortement de regarder les bandes annonces de Triangle disponibles sur le net (d'où leur absence ici), bandes annonces qui vous priveraient de la surprise de certaines révélations visuelles agréablement brutes. A bon entendeur...
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